Haïti célèbre les 267 ans de la Naissance de Jean-Jacques Dessalines, Père de la Nation et Icône Mondiale de la Liberté

Jean-Jacques Dessalines déclara : « Rappelle-toi que j’ai tout sacrifié pour voler à ta défense… et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté. » En ce 20 septembre, jour de son anniversaire, Haïti célèbre le héros visionnaire qui a brisé les chaînes de l’esclavage colonial, fondant la première république noire indépendante. De ses origines à la Grande Rivière du Nord à son triomphe révolutionnaire, il s’impose comme une icône mondiale, inspirant les peuples en quête de justice, d’Haïti à l’Amérique latine et au-delà.

Fouye Rasin Nou, le 20 septembre 2025_Imaginez un homme forgé dans les flammes de l’oppression coloniale, un géant dont le rugissement fit trembler les chaînes de l’esclavage et donna naissance à la première république noire du monde. Jean-Jacques Dessalines, l’Empereur d’Haïti, n’est pas seulement un nom gravé dans les annales de l’histoire ; il est le pouls battant d’une nation, un phare de résilience pour des millions d’Haïtiens qui, aujourd’hui encore, invoquent son esprit pour affronter les tempêtes contemporaines.

Chaque 20 septembre, date désormais consacrée « Jour de Dessalines » par le feu président Jovenel Moïse à travers un arrêté présidentiel pris le 17 septembre 2020 et publié dans Le Moniteur, numéro 151, du vendredi 18 septembre 2020, le pays se recueille et s’élève. Cette journée officielle et chômée dépasse le cadre protocolaire : elle est un cri de ralliement, un rappel que la liberté n’est pas un don, mais une conquête arrachée par le sang et la détermination.

Au-delà de son rôle de libérateur, Dessalines incarnait une vision de grandeur et d’unité. De simple esclave anonyme à stratège redouté de la Révolution haïtienne, il s’imposa comme l’un des plus brillants tacticiens de son temps, aux côtés de Toussaint Louverture et Henri Christophe. Sa brutalité assumée contre l’injustice, son génie militaire et sa vision d’une nation où « tous les citoyens sont égaux » lui valurent d’être proclamé empereur en 1804.

Dessalines ne s’est pas contenté de vaincre l’armée napoléonienne, alors la plus puissante d’Europe : il a effacé le joug colonial français et inscrit Haïti dans l’histoire universelle comme la première république noire libre. Et il l’avait dit lui-même, en une formule restée gravée dans le marbre : « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. » Une proclamation qui résume toute la philosophie de son règne : l’autonomie, la fierté et la dignité comme fondements de l’existence national

Sa relation avec son peuple et sa famille révèle un leader profondément humain. Les récits historiques rapportent qu’il partageait souvent des moments de camaraderie avec ses soldats, renforçant leur unité par des gestes simples mais significatifs, comme partager un repas ou prononcer des mots d’encouragement tels que : « Nou se yon sèl kò ». Sa relation avec son épouse, Marie-Claire Heureuse Félicité, illustre également son engagement envers la nation. Figure emblématique de la Révolution, elle soignait les blessés et soutenait les combattants, incarnant un esprit de compassion aux côtés de la détermination de Dessalines. Ensemble, ils symbolisaient l’équilibre entre force et humanité, consolidant les fondations d’une Haïti libre et souveraine.

Si la grandeur de Dessalines est incontestée, la date exacte de sa naissance reste entourée de mystère. Si l’année 1758 fait l’objet d’un consensus, le jour exact de la naissance de Dessalines demeure sujet à débat. L’histoire officielle retient le 20 septembre, affirmation relayée par Jules Rosemond en 1903 puis par Timoléon Brutus dans L’Homme d’Airain. Pourtant, d’autres sources sèment le doute. Le Musée du Panthéon National Haïtien avance le 20 février 1758. Plus intrigant encore, le 25 juillet pourrait être la véritable date. Ce jour-là, en 1805, Henri Christophe organisa une fête en l’honneur de Dessalines, parlant explicitement de « l’anniversaire de Votre Majesté ». Roumage Jeune, administrateur de la Division du Nord, confirma dans son discours qu’il s’agissait de « l’anniversaire de votre auguste fête ». Certains avancent même que le 20 septembre ne serait pas la date de naissance, mais celle de son baptême. Une hypothèse qui, si elle se confirmait, ajouterait une dimension symbolique : l’homme qui allait abolir l’esclavage fut d’abord inscrit dans ce système par un acte religieux imposé.

Au-delà de ses actes, ses mots, brûlants de vérité, résonnent encore comme des cris de guerre et des appels à l’unité :

« Indépendance ou la mort… Que ces mots sacrés nous rallient. »
Proclamation du 1er janvier 1804.

« Jurons à l’univers entier… de renoncer à jamais à la France. »
Le serment des Gonaïves, où il proclame la rupture définitive.

« Effrayons tous ceux qui oseraient tenter de nous la ravir. »
Un avertissement lancé au monde : la liberté conquise ne sera jamais abandonnée.

« Paix à nos voisins ! mais anathème au nom français ! haine éternelle à la France ! voilà notre cri. »
Une sentence irrévocable, dictée par l’horreur des massacres coloniaux.

« Rappelle-toi que j’ai tout sacrifié pour voler à ta défense… et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté. »
Un aveu qui place son destin personnel entièrement au service de la nation.

« L’esclavage est à jamais aboli. »
Article 2 de la Constitution impériale de 1805, l’abolition devenue loi éternelle.

« Les Haïtiens ne seront désormais connus que sous la dénomination de Noirs. »
Article 14 de la même constitution, affirmation radicale d’égalité et d’unité.

« Je vous fais tous sauter si les Français pénètrent dans ce fort. »
Et sur le champ de bataille, à Crête-à-Pierrot, cette parole rapportée. Preuve de son intransigeance et de sa détermination jusqu’au sacrifice.

Ces mots, terribles et magnifiques, sont autant de pierres gravées dans la mémoire collective. Ils transforment Dessalines en prophète de la liberté, dont la voix continue d’interpeller chaque génération.

Son influence s’étend également au cœur de la culture haïtienne. Jean-Jacques Dessalines demeure une figure centrale de l’identité culturelle haïtienne, son héritage étant profondément ancré dans les traditions populaires. Dans les pratiques vaudou, il est souvent invoqué comme un symbole de résistance et de protection, son esprit célébré à travers des chants et des cérémonies. Des proverbes tels que « Dessalines pa janm mouri » témoignent de sa présence durable dans la conscience nationale. Dans les chansons folkloriques et les récits oraux, sa bravoure est immortalisée, évoquant des moments clés comme la bataille de Crête-à-Pierrot ou la proclamation de l’indépendance. Son image, souvent représentée en empereur à cheval, sabre en main, incarne la fierté et l’unité du peuple haïtien. En ce jour du 20 septembre, cette mémoire collective continue d’honorer l’héritage intemporel de Dessalines.

Un moment décisif de son héritage réside dans son acte fondateur de l’indépendance. Le 1er janvier 1804, aux Gonaïves, Jean-Jacques Dessalines proclama l’indépendance d’Haïti, marquant un tournant dans l’histoire mondiale. En déchirant la partie blanche du drapeau français pour créer le bicolore rouge et bleu, il symbolisa la rupture définitive avec l’oppression coloniale. « Jire pou’n pa janm kite pèsonn vin pran libète nou ! » déclara-t-il, un serment solennel qui résonne encore comme un engagement sacré pour la souveraineté haïtienne. Cet acte, accompli entouré de ses compagnons d’armes, fit des Gonaïves le berceau de la première République Noire indépendante. Ce moment historique, célébré en ce jour d’anniversaire, reste un symbole puissant de la détermination de Dessalines à défendre la liberté à tout prix.

L’impact de Dessalines ne se limite pas à Haïti. L’historien C.L.R. James, dans The Black Jacobins (1938), montre comment la victoire de Dessalines à Vertières et la proclamation de l’indépendance en 1804 accélérèrent la chute du projet colonial de Napoléon dans les Amériques, jusqu’à la vente de la Louisiane aux États-Unis en 1803. Michel-Rolph Trouillot, dans Silencing the Past (1995), explique que l’Occident a longtemps cherché à minimiser la portée de la Révolution haïtienne, car elle renversait les certitudes raciales et coloniales : Dessalines prouvait que des esclaves pouvaient vaincre une grande puissance européenne. Laurent Dubois, dans Avengers of the New World (2004), décrit Dessalines comme le « gardien intraitable » de l’indépendance, dont la radicalité garantissait que la liberté conquise ne serait jamais négociée. L’historienne Bayyinah Bello rappelle, quant à elle, que la mémoire de Dessalines vit encore dans la culture et les traditions populaires, où il est invoqué comme un ancêtre protecteur et une source spirituelle de courage.

Son héritage s’étend à des valeurs universelles qui continuent d’inspirer. Sa Constitution de 1805, en proclamant l’abolition de l’esclavage et l’égalité de tous sous la dénomination de « Noirs », a défié les hiérarchies coloniales, posant les bases d’une société fondée sur la dignité humaine. Son soutien indirect, à travers ses successeurs, à des figures comme Simón Bolívar en 1816, a contribué à l’émancipation de nations latino-américaines, telles que le Venezuela et la Colombie. Aux États-Unis, son nom inspirait les esclaves et galvanisait les abolitionnistes, qui voyaient en lui un symbole de résistance. Sa vision, résumée par sa proclamation « Nous avons osé être libres », continue d’inspirer les luttes pour la justice et l’autonomie à travers le monde. En ce jour d’anniversaire, nous honorons Dessalines comme une figure universelle de la liberté.

La vision géopolitique de Dessalines reste d’une actualité saisissante. À travers la Constitution de 1805 et la construction de son Empire, Dessalines portait déjà une vision du monde profondément moderne. En inscrivant la liberté collective et la dignité humaine comme principes universels, il proposait une alternative radicale à l’ordre colonial de son époque. Cette philosophie, fondée sur la souveraineté des peuples, trouve un écho dans les dynamiques actuelles : l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, rejoints par de nouveaux pays), qui contestent l’unilatéralisme occidental ; le renforcement de l’Union africaine, qui affirme son rôle sur la scène diplomatique mondiale ; ou encore la coopération renforcée entre l’Amérique latine et l’Afrique, qui tente de bâtir un espace de solidarité Sud-Sud. Autant de projets qui rappellent l’intuition dessalinienne : seul un front commun des peuples opprimés et marginalisés peut rompre durablement avec l’ordre colonial et néocolonial.

Dessalines fut également un précurseur du panaméricanisme. En proposant son aide aux leaders indépendantistes d’Amérique latine, il ne se contentait pas de défendre la cause haïtienne : il affirmait sa volonté de construire une solidarité continentale, un modèle politique nouveau face à l’ordre séculaire de l’Europe. Cette dimension géopolitique, souvent sous-estimée, fait de l’Empereur d’Haïti non seulement le libérateur de sa nation, mais aussi un penseur visionnaire dont l’héritage reste d’une actualité brûlante. Aux États-Unis, son nom provoqua un mélange de crainte et d’admiration : les planteurs du Sud redoutaient la « contagion » révolutionnaire, tandis que les abolitionnistes voyaient en lui une figure libératrice. En Amérique latine, des figures comme Simón Bolívar s’inspirèrent de l’exemple haïtien, trouvant refuge et soutien en Haïti pour poursuivre leurs combats. En Europe, la victoire de Dessalines força les chancelleries à réévaluer leurs ambitions coloniales, rappelant que la domination n’était pas infaillible. Aujourd’hui encore, dans la diaspora noire mondiale et en Afrique, Dessalines reste cité comme l’un des premiers à avoir démontré que la liberté des peuples colonisés pouvait être arrachée par les armes et protégée par une volonté implacable.

En ce 20 septembre, jour de son anniversaire, nous rendons hommage à Jean-Jacques Dessalines, dont la vision et le courage ont transformé l’histoire mondiale. Ses paroles, gravées dans la mémoire collective, et ses actes, qui ont brisé les chaînes de l’oppression, continuent d’inspirer les générations. Son héritage, incarné par le drapeau haïtien et la Constitution de 1805, demeure un symbole universel de liberté et de souveraineté, honoré par les Haïtiens et tous ceux qui chérissent la dignité humaine.

Dessalines est né pour libérer. En ce 20 septembre 2025, jour des 267 ans de Jean-Jacques Dessalines, chaque commémoration de sa naissance invite à revisiter le passé pour mieux avancer. L’Empereur d’Haïti ne vieillit pas : son message de liberté, toujours vivant, inspire les peuples du monde entier, rappelant qu’un peuple qui honore ses héros reste éternellement jeune.

Jean-Pierre Styve / Fouye Rasin Nou (FRN)

3 thoughts on “Haïti célèbre les 267 ans de la Naissance de Jean-Jacques Dessalines, Père de la Nation et Icône Mondiale de la Liberté

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page